"L’on sait que la mémoire s’accroche à la photographie. Combien de souvenirs tricotés à partir de nos albums de famille nourrissent-ils le roman familial? Ici, Marie Prunier tente de faire pièce à ce diktat en privilégiant l’image mentale qu’elle ne vient pas réactualiser au contact des lieux de son enfance. Pour cela elle commandite son père, l’orientant dans ses cadrages par son seul souvenir. Elle s’affranchit ainsi de tout l’attirail technique et culturel qui constitue son bagage et tente de protéger sa mémoire des frottements du présent qui viendraient la transformer. Certes, des variables interfèrent dans le protocole, l’opérateur bien que dénué de connaissances techniques et répondant à des injonctions précises, ne répond de loin pas au fantasme d’une photo vérité, dénuée de toute subjectivité. Comment en effet, neutraliser son affect lorsque votre enfant vous confie un de ses 5 sens et que les informations topographiques en votre possession vous mène parfois à inventer des solutions de fortune?"
Barbara Bay, commissaire d’exposition